La vape est une aide efficace et choisie par les fumeurs dans le sevrage tabagique. C’est ce qu’a brillamment défendu le Dr Marion Adler, tabacologue française exerçant depuis plus de 25 ans maintenant, ce 24 octobre 2023 lors d’un colloque international sur les addictions.
Le Dr Marion Adler défend la vape au congrès international ATHS 2023
Du 24 au 27 octobre 2023, à Biarritz, s’est tenu le 16e congrès international des Addictions Toxicomanies Hépatites et Sida (ATHS). Pour son débat d’ouverture, il a réuni cinq spécialistes autour d’une question on ne peut plus d’actualité : « La vape : outil de cessation du tabagisme, simple outil de réduction des risques et dommages ou porte d’entrée vers l’addiction à la nicotine ? ».
Parmi les intervenants figuraient Alex Brissot, référent des enquêtes en ligne pour l’Observatoire Français des Drogues et Tendances addictives (OFDT), Anne-Laurence Le Faou, addictologue française, Ivan Motoya, du National Institute of Drug Abuse (NIDA) et Marion Adler, médecin tabacologue et membre du conseil scientifique de la Société Francophone de Tabacologie (SFT).
Durant environ deux heures, chaque intervenant a exposé son point de vue sur le vapotage. Si la plupart sont restés assez dubitatifs quant aux avantages de la cigarette électronique, jugeant, comme beaucoup, qu’il existait un manque de recul scientifique et de données probantes, Marion Adler les a justement rappelées lors de son allocution, pointant notamment la multiplicité d’études fiables existantes, dont de nombreuses publiées récemment.
Marion Adler et la vape : « je suis pour mes patients »
« On me reproche beaucoup d’être pro-vape alors je vais vous dire clairement les choses : je suis pour mes patients », a déclaré Marion Adler dès l’introduction de son discours au ATHS, le 24 octobre 2023 dernier.
Addictologue spécialisée dans les questions du tabagisme et de l’arrêt du tabac depuis 1997, Marion Adler a suivi un nombre considérable de fumeurs et de fumeuses (dont des femmes enceintes). Ainsi, comme elle le confie, si elle n’était pas une fervente défenseuse de la vape lors de son arrivée sur le marché (à l’instar du Pr Bertrand Dautzenberg d’ailleurs), elle a vite été forcée de constater les nombreux bénéfices qu’en retiraient ses patients. Désormais, elle n’a de cesse de le répéter : la vape est une aide incontournable et les professionnels de santé doivent respecter les choix du patient et l’encourager. « La bonne solution pour arrêter est la sienne », avait-elle déjà affirmé lors du colloque TabAquit de mars 2022.
Plaisir de se sevrer, meilleure réussite à l’arrêt du tabac et amélioration de l’état de santé, année après année, la tabacologue a observé, sur le terrain, l’efficacité permise par cet outil de réduction des risques – toujours jugé au moins à 95 % moins nocif que le tabac, rappelle-t-elle justement. Plus encore, au vu des multiples études scientifiques effectuées internationalement sur la question (car il y en a en masse, indique-t-elle également), elle a pu vérifier ces mêmes observations.
En 15 ans, la science n’a effectivement pas chômé, et particulièrement ces dernières années. En 2022, puis encore cette année, la célèbre revue Cochrane venait confirmer l’importance de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique. La vape est donc non seulement une méthode efficace – plus encore si on la compare aux autres substituts nicotiniques – mais elle est aussi la plus appréciée et utilisée des Français selon les derniers sondages de l’IFOP pour JSV.
Pourtant, comme le déplore cette experte, les institutions de santé continuent de désapprouver la méthode. Haute Autorité Sanitaire (HAS), Haut Conseil de la santé publique (HCSP), sans parler de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou du Conseil national des gynécologues obstétriciens de France (CNGOF), tous s’accordent à dire qu’il ne faut en aucun cas promouvoir la vape, voire même qu’il faut ouvertement la déconseiller.
Le Dr Marion Adler alerte ainsi : « nous sommes en train d’être très contreproductifs en donnant des injonctions paradoxales par rapport à la vape ». En déconseillant ouvertement le vapotage aux fumeurs, et particulièrement aux femmes enceintes et fumeuses, les institutions et professionnels de santé ne font qu’aggraver les risques. Un constat malheureusement partagé par bien d’autres, comme le Dr William Lowenstein, qui avait déjà sonné l’alarme en 2022, suite à l’avis défavorable du HCSP sur la vape.
La vape est une aide efficace qui doit être pleinement envisagée par les professionnels de santé
Plaçant le patient au cœur de ses préoccupations, Marion Adler appelle donc les professionnels de santé à revoir leurs positions. Ils doivent avant tout aider les fumeurs à arrêter. Pour ce faire, d’après elle, toutes les solutions doivent être envisagées, y compris la vape : « s’il faut évidemment proposer les substituts nicotiniques en première intention, si ça ne marche pas, il faut absolument s’aider de tout ce qu’il faut pour arrêter au plus vite le tabagisme ».
Pour cette tabacologue, il est inconcevable de continuer à recevoir « des femmes enceintes qui disent avoir repris la cigarette alors qu’elles avaient arrêté de fumer avant la grossesse grâce à la vape parce que le gynécologue l’a déconseillé ». Elle rappelle les multiples études effectuées chez la femme enceinte et fumeuse, qui démontrent toutes de l’importante efficacité comme de la réduction des risques permise par la vape durant la grossesse. Non seulement vapoter est associé « à un taux plus élevé d’abstinence tabagique en fin de grossesse par rapport à l’utilisation des substituts nicotiniques » (Étude USA, Xiaozhong Wen, 2023), mais il n’a également aucun impact sur le poids de naissance des bébés, contrairement à celui des bébés des mères fumeuses.
Alors, pourquoi ne pas s’inspirer des Anglais, s’interroge-t-elle. Eux qui, depuis des années maintenant, ont fait de la vape un outil reconnu d’aide à l’arrêt du tabac chez les fumeurs, fumeuses et femmes enceintes, et ont vu leur taux de tabagisme descendre en flèche ! D’ailleurs, d’après les dernières données, en plus de ne compter désormais que 13 % de fumeurs, le Royaume-Uni est bel et bien le « premier pays d’Europe pour la prise en charge du tabac chez la femme enceinte [avec le] taux le plus bas de tabagisme chez la femme enceinte », confirme une étude citée par le Dr Adler.
Ces résultats s’expliquent assez facilement. Contrairement aux autres pays, l’Angleterre a à cœur de former les professionnels de santé au vapotage, afin qu’ils puissent correctement – et objectivement – conseiller leurs patients !
La vape ne conduit pas les jeunes à fumer, rappelle Marion Adler. Elle « permet une réduction du tabagisme et non l’inverse »
Consacrant la fin de son allocution aux actuelles préoccupations relatives au vapotage chez les jeunes, le Dr Marion Adler précise un point important : il est clair que la e-cigarette n’est pas destinée aux non-fumeurs et n’est effectivement pas sans risque pour eux.
Néanmoins, au regard des plus récentes études sur les jeunes et les non-fumeurs, et notamment celle dirigée par le Pr Dautzenberg et publiée en octobre 2023, l’addictologue française se joint à eux pour réfuter une idée reçue trop largement répandue : la vape n’est en aucun cas une portée d’entrée vers le tabac. Cette théorie dite de « l’effet passerelle » n’a jamais été étayée par les données et, plus encore, elle tend à démontrer l’exact inverse. D’après les auteurs de ces études, la vape serait l’une des meilleures concurrentes au tabac. Depuis son arrivée en 2013 et sa démocratisation chez les jeunes, le tabagisme à l’adolescence n’a jamais été aussi bas, aux États-Unis, en Angleterre comme en France !
Ainsi, s’il est de loin souhaitable que tous s’engagent vers l’abstinence nicotinique, qui reste la meilleure option, n’est-il pas préférable qu’ils expérimentent (puisqu’ils expérimenteront de toute façon) la cigarette électronique plutôt que la cigarette ?
Il suffit de regarder du côté néo-zélandais pour comprendre l’erreur à éviter : après des années de tabagisme élevé et de restrictions sur la vape, le pays a entrepris un tournant politique historique. Depuis 2019, il a adopté un modèle similaire au Royaume-Uni et n’hésite pas à s’appuyer sur cet outil d’aide à l’arrêt. Résultat ? Le tabagisme n’a jamais décliné aussi vite en Nouvelle-Zélande, notamment chez les jeunes âgés de 15 à 17 ans !
De fait, comme le conclut le Dr Marion Adler, des politiques restrictives sur la vape sous couvert de protection de la jeunesse seraient plus que préjudiciables à la santé de tous : « les fausses informations, les projets d’interdiction d’arômes et de taxation sur les vapes sont malheureusement un risque augmenté de reprise du tabagisme et d’entrave à la santé publique et à la lutte antitabac ».
Plus que jamais, le gouvernement français doit donc commencer à écouter les spécialistes, patients, fumeurs comme vapoteurs. Il doit également s’appuyer sur la science et ses chercheurs consciencieux qui livrent chaque jour des conclusions plus que probantes sur cet outil de réduction des risques et d’aide au sevrage tabagique !
Pour le leur rappeler, rendez-vous sur JeSuisVapoteur. Via sa plateforme, il est possible d’alerter directement vos députés !
Source :
ATHS Biarritz – ATHS 2023 – « Débat public de société : la vape : outil de cessation du tabagisme, simple outil de réduction des risques et dommages ou porte d’entrée vers l’addiction à la nicotine ? » – Youtube, 25 octobre 2023 [consulté le 3 novembre 2023] :